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La Banque africaine de développement et des leaders s’engagent à catalyser les investissements dans les villes comme moteurs de la croissance économique du continent

10Nov2023
Le président de la BAD, Akinwumi Adesina (2e à partir de la droite), en compagnie de Jamie Cooper (au centre) et de maires de toute l’Afrique à Marrakech, au Maroc, le 9 novembre 2023.

Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a promis jeudi un plus grand engagement en faveur du développement des villes et a souligné la nécessité d’accroître les investissements et l’autonomie des municipalités, moteurs de la croissance économique du continent.

Le patron de la Banque s’est exprimé lors d’un forum de haut niveau pour les maires intitulé : « Tirer parti des villes et des municipalités pour le développement national », qui s’est tenu en marge des Market Days 2023 de l’Africa Investment Forum à Marrakech, au Maroc.

La réunion, coorganisée par la Banque africaine de développement et Big Win Philanthropy, a réuni des maires et des gouverneurs de plusieurs grandes villes africaines, dont Lagos, Dakar, Addis-Abeba Abidjan, Kigali et Nairobi, ainsi que des représentants de gouvernements et d’organismes financiers et de développement.

« Le Forum des maires lance ce que nous espérons être le début d’une nouvelle collaboration entre les institutions financières, les villes, les États et les municipalités, afin d’accélérer la croissance et le développement de l’Afrique », a déclaré M. Adesina dans son allocution de bienvenue. « Cela montre également la priorité que les partenaires et les investisseurs de l’Africa Investment Forum accorderont à l’amélioration des investissements dans les projets au niveau infranational », a-t-il ajouté.

La session comprenait également une présentation d’un nouveau rapport sur les villes africaines, intitulé « Passer des millions aux milliards de dollars : financer le développement des villes africaines » (From Millions to Billions: Financing the Development of African Cities), commandé par la Banque africaine de développement.

S’exprimant au nom du maire de Marrakech, Mme Khadija Bouhrachi, adjointe au maire, a déclaré que la ville de Marrakech est une ville hospitalière pour tous les visiteurs. Alors que les villes attirent par leur promesse de revenus plus élevés, les gouvernements doivent investir dans des services, des espaces verts, des marchés très diversifiés et des emplois décents et bien rémunérés, a-t-elle déclaré : « La performance économique joue un rôle crucial dans le bon fonctionnement de nos économies ».

Jean Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLU Afrique), a déclaré que l’avenir de ce continent était lié à la manière dont les décideurs politiques pouvaient rendre les villes plus attractives et plus accueillantes pour les populations et les jeunes.

« Les banquiers doivent changer de perspective lorsqu’ils traitent avec les gouvernements locaux. Nous saluons cet événement qui essaie de faire avancer les choses », a déclaré M. Mbassi, ajoutant que la recherche et l’innovation sont également des éléments importants à prendre en compte.

Passer des millions aux milliards de dollars : un nouveau rapport révèle les défis et les opportunités pour l’Afrique

Les conclusions du rapport montrent une augmentation spectaculaire du nombre d’habitants : la population urbaine africaine devrait presque tripler au cours des 25 prochaines années, pour atteindre 1,5 milliard d’habitants d’ici 2050. La ville de Lagos comptera environ 24,5 millions d’habitants en 2050, soit plus de 32 fois sa taille lorsque le Nigeria a accédé à l’indépendance en 1960, indique le rapport.

Pour relever ce défi, on estime que les pays africains devront investir environ 5,5 % de leur PIB annuel dans leurs villes, soit environ 140 milliards de dollars par an.

Astrid Haas, économiste et co-auteur du rapport, a déclaré que ce dernier s’appuyait sur une analyse « ascendante » des différents budgets de dix villes africaines. « L’urbanisation est la mégatendance qui remodèle le continent africain », a-t-elle déclaré, « aucun pays ne s’est jamais développé sans plan d’urbanisme ».

Le rapport souligne plusieurs stratégies clés pour les villes : la création d’environnements favorables, l’augmentation des flux de revenus vers les villes, la vision, l’amélioration de l’autonomie budgétaire et de la solvabilité.

Affirmant que « les villes sont le moteur de la croissance économique », Mme Haas a partagé des exemples de réussite à travers le continent et le monde, tels que la Chine, le Brésil, Le Cap et la ville d’Abidjan — avec ses « investissements audacieux et volontaires dans le domaine des transports. »

« Il est temps de voir grand ; les villes africaines détiennent le pouvoir. Agissons avec audace pour « transformer l’avenir de l’Afrique pour les générations à venir », a déclaré Mme Haas.

Jamie Cooper, présidente fondatrice de Big Win Philanthropy, a fait l’éloge de l’Éthiopie, pionnière en matière de réduction de la malnutrition, et de la maire de sa capitale Adanech Abebe, qui était présente, pour le rôle qu’elle a joué dans la transformation de sa ville. En moins d’un an, Addis-Abeba a fermé plus de 100 rues à la circulation automobile le dimanche, afin que les enfants et les familles puissent marcher et jouer. Mme Abebe s’est également engagée à créer 12 000 aires de jeux dans la capitale, a déclaré Mme Cooper.

« Chacun a sa propre vision. Nous nous réjouissons de poursuivre vos projets avec vous », a déclaré Mme Cooper.

La Banque africaine de développement promet davantage pour les villes et les zones urbaines

La Banque africaine de développement consacre 2 milliards de dollars par an à des projets et des programmes qui ont un impact positif direct sur les zones urbaines à travers l’Afrique, a indiqué M. Adesina. Ces projets couvrent un large éventail de domaines, notamment le logement, les transports, l’accès à l’eau potable et l’amélioration des systèmes d’assainissement et d’évacuation des eaux usées.

Elle dispose également d’un Fonds de développement urbain et municipal (UMDF), qui soutient 15 villes, avec une assistance technique, le renforcement des capacités pour la planification urbaine intégrée, la gouvernance, la préparation de projets, et une gestion urbaine plus large, incluant la gestion fiscale municipale.

Mais l’institution ira encore plus loin, a indiqué M. Adesina. « Alors que les maires travaillent d’arrache-pied pour exploiter cette source de financement public et d’autres, il convient d’accorder une plus grande priorité à l’attraction d’investissements privés dans les villes ». 

Il a présenté quatre façons d’y parvenir : en accordant une plus grande autonomie et une plus grande responsabilité budgétaire aux villes et aux localités ; en utilisant des titres de créance qui pourraient fournir un financement plus important ; en développant un meilleur financement hypothécaire pour rendre les villes plus vivables avec un accès à des logements abordables ; et en fournissant un espace réglementaire supplémentaire pour lever des fonds sur les marchés de capitaux locaux en émettant des obligations municipales et des obligations vertes pour stimuler leur propre financement.

M. Adesina a donné d’autres bonnes nouvelles concernant les approbations du conseil d’administration de l’institution : L’UMDF, qui a mobilisé 50 millions de dollars pour la période 2023-27, servira à soutenir les villes et les municipalités et sera partagé selon un ratio de 60 % pour la préparation de projets urbains, 20 % pour l’urbanisme et 20 % pour l’accès des municipalités aux écosystèmes d’appui financier.

« En outre, la Banque africaine de développement accordera des prêts pour un montant projeté d’environ 2 milliards de dollars en 2024 en faveur de vos villes et municipalités », a annoncé M. Adesina.

« Afin de soutenir vos efforts de maires pour accroître les investissements dans vos villes, l’Africa Investment Forum va commencer à donner la priorité aux projets bancables qui peuvent garantir des investissements pour les villes », a déclaré M. Adesina. « Le programme de l’AIF intégrera de manière permanente des sessions spéciales consacrées aux villes », a déclaré M. Adesina. « L’AIF donnera la priorité aux projets bancables des gouverneurs et des maires des villes et des municipalités ».

Cliquez ici pour consulter la version numérique de « Passer des millions aux milliards de dollars : financer le développement des villes africaines. »