D’ici à 2050, soit dans à peine trente-deux ans, la population de l’Afrique, en pleine croissance, atteindra le chiffre énorme de 2 milliards de personnes dont 840 millions de jeunes. Le continent dépassera alors les populations de la Chine et de l’Inde réunies.
Le financement des besoins pour le développement de l’Afrique nécessitera un montant se situant entre 600 et 700 milliards de dollars américains (EU) par an. L’édition 2018 du rapport Perspectives économiques en Afrique de la Banque africaine de développement estime que, sur ces montants, environ 130 à 170 milliards de dollars EU seront nécessaires chaque année pour assurer le financement des infrastructures du continent.
Pour relever ces défis, la Banque africaine de développement a créé le Africa Investiment Forum de l’investissement en Afrique (FIA), une plateforme destinée à mobiliser les fonds d’investissement privés, les fonds souverains mondiaux et le secteur privé pour permettre la réalisation de projets d’infrastructures ayant la capacité de transformer le continent.
Lors du lancement du Africa Investment Forum à Johannesburg, David Makhura, le Premier ministre de la province du Gauteng, la septième plus grande économie d’’Afrique, a qualifié mardi 8 mai 2018, le forum de nouvelle donne pour le financement du développement des infrastructures en Afrique.
« C’est un honneur que de recevoir la confiance d’une des institutions les plus influentes, les plus respectables et les plus crédibles de notre continent. Je souhaite que la Banque africaine de développement et les membres de la communauté des investisseurs africains et internationaux sachent que nous sommes prêts à accueillir et à assurer le succès en novembre prochain du Africa Investment Forum. Nous avons une solide expérience en matière d’accueil de manifestations à caractère continental et mondial de l’ampleur et de l’importance de Africa Investment Forum », a déclaré David Makhura lors du lancement officiel du forum.
Mardi, la Banque et le gouvernement de la province du Gauteng ont signé un protocole d’accord dans le but d’accueillir la toute première édition du Africa Investment Forum (le lien est externe) qui se déroulera du 7 au 9 novembre 2018 à Johannesburg, en Afrique du Sud.
David Makhura a décrit le Africa Investment Forum comme quelque chose de plus qu’un « Davos de l’Afrique », en affirmant : « nous nous réjouissons, en tant que gouvernement de la province du Gauteng, d’avoir été choisi pour accueillir cette plateforme d’investissement unique et inédite sur le continent africain. Son importance transformera les potentialités estimées en Afrique en réelles opportunités et en progrès ».
« Le tout premier Africa Investment Forum de novembre prochain cadre parfaitement avec le programme d’investissement du président Ramaphosa et constituera l’une des plus importantes plateformes dont notre gouvernement et nos entreprises locales pourront bénéficier pour la réalisation de projets d’investissements de plus grande ampleur », a-t-il insisté
Puis, M. Makhura d’ajouter : « les sociétés d’investissement basées au Gauteng ont déjà investi plus de 30 milliards de dollars EU dans différentes régions d’Afrique. Nous disposons d’un plan directeur pour les infrastructures couvrant une période de quinze ans et comprenant un portefeuille de projets bancables qui requièrent des fonds de plus de 150 milliards de dollars sur dix ans ».
Pour sa part, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a présenté les enjeux du Forum, en espérant qu’il ouvre de nouvelles perspectives pour l’Afrique.
« Alors que l’Afrique représente, a-t-il indiqué, la « nouvelle frontière » en matière d’investissements, il est urgent de combler les lacunes entre le capital disponible et les projets bancables ».
Le président de la Banque africaine de développement a souligné que le Forum contribuera à faire de l’Afrique un lieu où les jeunes souhaitent vivre et s’épanouir.
« Le gap de financement qui permettrait à l’Afrique de parvenir à un développement économique harmonisé d’ensemble est en fait bien plus élevé et se situe entre 200 milliards et 1 200 milliards de dollars EU par an. Les obstacles aux projets bancables doivent être surmontés pour créer une situation où tous les intervenants – gouvernements, institutions de financement du développement et autres parties prenantes concernées – trouveront leur compte. L’Afrique doit investir dans son propre développement, si elle souhaite que les autres en fassent de même », a affirmé le président de la Banque.
« Telle est, a-t-il ajouté, la raison essentielle de la nouvelle approche retenue pour le Forum : une plateforme à partenaires multiples et multidisciplinaire qui stimulera la synergie en faveur du développement économique et social de l’Afrique. Il sera principalement axé sur des accords portant sur des transactions et des investissements pour le développement économique de l’Afrique, et non pas un lieu de bavardages inutiles ».
Akinwumi Adesina a souligné que le financement du développement de l’Afrique est et a toujours été une tâche collective et coopérative exigeant une base diversifiée de partenariats avec le secteur privé.
« Nous savons que l’argent est là. D’ici à 2020, il y aura près de 111 000 milliards en actifs gérés sur la planète, investis à travers le monde à des taux d’intérêt extrêmement faibles. En Afrique, les actifs gérés par des investisseurs institutionnels nationaux passeront à 1 800 milliards de dollars EU d’ici à 2020, soit le triple du montant de 634 milliards de dollars EU qu’ils totalisaient en 2014. La plus grande partie de ces fonds n’est pas investie en Afrique. Les principaux dirigeants des différents secteurs d’activités ont qualifié le forum de chance unique pour le secteur privé d’investir dans des programmes transformateurs dans les secteurs clés d’intérêt stratégique pour l’Afrique. Chargé des relations avec les investisseurs et de la communication, Pule Molebeledi, cadre dirigeant chez Harith General Partners a décrit la composante des garanties d’investissement du Forum comme une nouvelle donne.
« Il sera un catalyseur important pour les projets qui sont actuellement bloqués », a-t-il soutenu
La Banque africaine de développement a pris l’engagement de collaborer avec les partenaires multilatéraux de développement, les fonds de placement privé, les fonds d’investissement souverains, les fonds d’assurance, le secteur privé ainsi qu’avec les parties prenantes pour faire en sorte que le Forum devienne le tremplin incontournable des investisseurs en Afrique les investissements sur le continent et la réponse à ses besoins énormes en matière d’infrastructures et de développement. C’est la toute première fois que plusieurs banques multilatérales de développement se rencontreront sur une plateforme unique conçue pour faire aboutir une importante série de projets bancables.